le 26/07/2015
Le principe de la ligne temporelle unique et immuable reste assez difficile à gérer et relativement peu couramment employé. Cependant la problématique les paradoxes temporels et le souci d'éviter de modifier les événements de la ligne temporelle de référence reviennent régulièrement dans plusieurs récits.
On assiste alors une fois encore à une ligne temporelle unique mais plus souple, où les protagonistes doivent agir justement pour éviter de modifier la ligne temporelle ou pour en modifier le moins possible.
C'est le cas par exemple quand les personnages se retrouvent transportés dans le passé, de façon accidentelle ou dans certains cas intéressants quand ils ont besoin de bénéficier des avantages de l'ubiquité (la capacité de se trouver dans plusieurs endroits en même temps).
On en voit un très bon exemple dans le 3ème tome de la saga de J. K. Rowling, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, et son adaptation en film.
Boum bébé
Et je suis contente, car c'est un de mes tomes préférés de la série, plein de bonnes idées, pleins d'excellents personnages, où l'univers commence à prendre de la profondeur avec plein d'évocations des événements du passé. On sent que ce tome prépare la suite de la série et que les choses deviennent sérieuses. L'histoire commence à devenir plus sombre, et c'est le premier tome où la victoire des héros à la fin n'est pas éclatante, fait annonciateur de la suite où les choses commencent à mal tourner. Bref, un de mes tomes favoris. Dans cette partie de l'histoire, un des personnages, Hermine Granger, dispose d'un objet lui permettant de remonter le temps pour quelques heures afin de pouvoir suivre d'avantage de cours dans la journée (c'est une personne studieuse). A la fin de l’histoire, alors que les événements semblent très mal tourner, cet objet leur sert à elle et Harry à remonter le temps de quelques heures et à éviter la mort à deux des personnages.
Il est assez intéressant de noter que les personnages se donnent beaucoup de mal pour éviter au maximum de modifier le cours des événements, même quand cela pourrait être à leur avantage. Dans le roman, il existe une réglementation très stricte et des règles de sécurité précise sur l'utilisation du voyage temporel, qui recommande d'éviter au maximum de changer le cours des événements et d'entrer en contact avec soi-même. En réalité, on comprend petit à petit qu'ils n'ont effectivement rien changé au cours de l'histoire : on n'avait pas assisté à la mort des personnages dans la temporalité d'origine et ont comprend qu'ils avaient effectivement été sauvés. Mieux, les quelques initiatives ou accidents qu'ils provoquent malgré eux et qui les oblige à interagir avec leur versions de la ligne temporelle d'origine se révèlent en fait être l'explication d’événements inexpliqué de la premièle ligne temporelle.
On peut donc se demander si la ligne temporelle dans l'univers Harry Potter est réellement modifiable comme on nous le laisse entendre ou si dans le faits elle ne l'est pas. Certes le personnage d'Hermione laisse entendre que des accidents se sont produits avec des gens qui sont entrés en contact avec eux-même,ce qui induirait que la ligne temporelle est modifiable. D'un autre coté, dans le roman tout se produit comme si ce qu'ils avaient vécu étaient déjà la conséquence de ce qu'ils allaient faire en retournant dans le passé (un peu comme UW1, donc). Si on se référait uniquement à ce qu'on voit dans l'histoire, on pourrait sans souci parler de ligne temporelle unique.
Ce qui contribuerait à expliquer une des incohérence de la série. En effet ces malheureux retourneurs de temps sombrent dans l'oubli dès le tome 3 refermé et on en reparle pratiquement pas dans les bouquins suivants, et surtout personne ne s'en sert plus jamais. On parle quand même d'un outil capable de retourner dans le passé et de changer les événements, ça peut peut-être être utilisé éventuellement!
Surtout que les gens qui s'affrontent ont chacun à leur tour le contrôle du ministère de la magie où sont stockés ces fameux retourneurs de temps, mais bon, ils étaient sans doute trop occupés à lancer des sortilèges avec des poses cool pour s'en inquiéter [image], ou bien ils ont lu de la sf et ils savent que faire joujou avec le continuum espace-temps ça apporte plus d'ennui que de chouquettes au sucre. A moins donc qu'on soit effectivement dans un univers à ligne temporelle immuable et que donc ils auront beau retourner dans le passé rien ne changera de toute façon, et peut-être même qu'ils ont essayé et qu'ils ont provoqué précisément ce qu'ils voulaient éviter et sont donc rentrés tout dégoûtés en jetant leur retourneur de temps, on ne sait point.
Reste que la partie voyage temporel du tome 3, aussi courte qu'elle soit est remarquablement bien gérée et bien maîtrisée, surtout pour une histoire dont les voyages temporels ne sont pas le thème principal. J.K. Rowling fixe un cadre précis à segment voyage temporel, des règles simples qu'elle respecte et ce cadre d'action réduit lui permet de bien maîtriser les lignes temporels de chacun des personnages et d'en faire un événement cohérent, intéressant et bien géré. Certes cela introduit une petite incohérence à l’échelle de l'univers, mais ce n'est pas si grave car d'une part l'épisode voyage temporel est très bien maîtrisé (et on verra que c'est pas vraiment toujours le cas), et d'autre part ça nous permet d'aborder un des problèmes généralement associé au voyage temporel.
En effet c'est un peu le souci dès lors qu'on introduit la notion de voyage dans le temps : c'est un pouvoir trop puissant, qui offre trop de possibilités aux personnages. Comment créer de la tension dramatique, comment laisser des problèmes à résoudre dès lors qu'ils ont la possibilité de revenir dans le temps et de modifier ce qu'il s'est passé? Cela implique de créer des contraintes et des règles à l'utilisation du voyage dans le temps, pour brider ce pouvoir et donner un sens à l'histoire.
Neko - 26/07/2015