le 23/02/2015
Lumière tamisée, ambiance feutrée, seulement troublée par la lueur, electrique mais ténue, du sapin, et la chaleur du feu dans la cheminée. De bonnes odeurs de cuisine qui se faufilent depuis la pièce d'à coté. Des discussions, des bruits d'enfants, la chaleur et le bonheur d'être entouré et en famille. C'est le jour de Noël et cette année, parmi les diverses cadeaux (tous adorables je vous aime les gens merci) qui m'ont été faits, quelqu'un a eu la bonne idée de m'offrir
~ un nouveau livre* ~.
La voleuse de livre de markus Zusak, petite promesse de 600 pages de bons moments à venir, attend là, flambant neuf, que je le lise, tout empaqueté des recommandation de ma cousine qui l'a adoré, et "it's a perfect moment".
Dans ma boulimie de lecture, maladie que j'ai reçu comme un héritage familial, j'ai lu beaucoup de livre avec leurs lots de belles découvertes, et passé beaucoup de temps à chercher le bon titre, la perle rare qui va captiver, transporter, m'occuper l'esprit avec suffisamment d'inventivité, et de complexité imaginative pour satisfaire mon cerveau exigeant. Et pourtant j'ai réalisé avec le temps que autant que le livre lui-même, le contexte dans lequel il tombe entre vos mains est d'une grande importance. L'histoire de ce livre, la façon dont vous l'avez obtenu, les proches qui vous l'ont conseillé éventuellement et leur propre perception du livre qu'il vous ont transmise, tout ça va jouer sur la façon dont vous le lirez et dont vous l'apprécierez.
C'est donc avec joie que j'ai entamé la lecture de La voleuse de livre, dont l'adaptation en film m'avez déjà interpellée (j'adooooore lire les livres dont sont tirés les films de toute façon. Voilà à présent je ne regarde même plus le film je lis le livre directement). Et je vous le présente avec cette introduction merveilleusement adaptée car justement, les livres et la façon dont ont les reçoit sont bien au cœur de cette histoire. Il y a d'autres sujets notez bien. Des sujets graves, des sujets émouvants, des sujets historiques. Mais au final, tout tourne autour des livres, de la façon dont ils entrent dans la vie de Liesel, la petite voleuse, la façon dont ils la change, dont ils la motive, dont ils lui permettent d'avancer dans son histoire et de créer des liens avec ceux qui l'entourent. Et qui y a-t-il de plus juste qu'un livre qui traite si subtilement de la façon dont les livres marquent notre vie?
La voleuse de livres, c'est l'histoire de Liesel Meminger. Enfin, des petits bouts de son histoire. Enfin, c'est aussi l'histoire de la guerre. Et de l'allemagne nazie. C'est un peu l'Histoire. Mais non bien sur, c'est tout sauf l'Histoire, plutôt les histoires de pleins de petites gens qui suivent leur route à travers ses grands chemins. Il y a beaucoup de choses, dans la voleuse de livre, vous intuitez, et il n'est pas évident de trouver un début bien défini.
Une fois encore à l'image du livre, on va entrer par un chemin détourné. La voleuse de livre, c'est plusieurs livres dans une même histoire. Il y a le récit de la Mort, pour commencer. Ouais, le narrateur, c'est la Mort, vous vous en doutez j'aimais déjà bien le principe de base. Il y a le récit de ce que fait la Mort, ses propres souvenirs et son regard sur le monde des humains. Il y a le récit écrit par Liesel, le livre qui raconte sa vie, lui même rapporté par la narratrice. Il y a les histoires écrites et illustrées par Max, celui qui est juif, celui qui est caché. Il ya les souvenirs de Hans Hubermann le nouveau Papa de Liesel. Son histoire à la guerre qui aura temps de conséquences, des années plus tard, sur sa vie et celle de sa famille. C'est un récit riche et éclaté, qui ne nous est jamais donné de façon linéaire, mais plutot à base d'aller-retours, de détours, d'atmosphères et anecdotes qui viennent petit à petit s'assembler pour reconstituer un tableau vif et complexe. Les procédés narratifs employés dans La voleuse de Livre sont si nombreux et si bien utilisés que la structure du roman est un régal à elle seule. A travers les différents morceaux de ce miroir brisé (car brisure il y a, pas de doute là dessus), on suit donc l'histoire de Liesel, orpheline allemande qui a été confiée à un couple de gens simples, mais généreux. Elle vient de perdre son frère, et s'acclimater à sa nouvelle vie est loin d'être facile, mais elle s'en sort petit à petit au fil des rencontres et des evenements, de sa découverte des mots et de son amour à la fois pour la lecture et pour le vol de livre. Il y a déjà là matière à raconter, mais il se trouve que c'est aussi l'histoire de Liesel, jeune orpheline allemande vivant dans un quartier modeste entourés par des gens modestes, qui avance bon gré mal gré en dépit de la guerre, d'abord diffuse et lointaine, mais qui se fait de plus en plus réelle et s'infiltre dans leur quotidien, discretement d'abord, puis en distribuant son lot de plus en plus lourd de mière, de disette et de séparations déchirantes.
La Voleuse de Livre mêle habilement les drames touchants du quotidien d'une fillette et de son entourage et les tragédies engendrées par la guerre, la bêtise humaine et toutes les horreurs dont cette époque de l'Histoire s'est fait l'exemple de référence (sans en être le seul disponible remarquez bien). Le livre sait intelligemment mettre en avant l'absurdité des raisonnements antisémistes et racistes, et ammener subtilement l'espoir envers une humanité meilleure, au travers des livres, de l'écriture, des relations humaines et de comment tout cela ammène les gens à se questionner et à avoir une approche des choses bien plus intelligente.
C'est assez compliqué de trouver des illustrations pour un livre, du coup je vous met des images du film. Ici, la voleuse de livre en pleine action
Par ailleurs, La Voleuse de Livre est aussi une histoire qui, bien que teinté d'une légère touche de fantastique, nous donne une idée de la vie et du quotidien des gens et en particulier des allemands durant les années trente et le début de la deuxième guerre mondiale. Ce genre de récit est peut-être moins épique mais n'en reste pas moins passionnant pour comprendre comment les gens pensaient, comment ils vivaient les évenements, comment et pourquoi il réagissaient de telle ou telle façon. C'est toujours interessant car évidemment, les gens de l'époque avait une façon de penser différente de la notre (n'ayant pas vécu les évenements traumatisant que nous avons dans notre histoire, par exemple, ou en ayant vécu d'autres comme la première guerre mondiale qui étaient alors beaucoup plus frais et présents dans les mémoires)**. La voleuse de livre offre un regard humain et plus nuancé sur les allemands de l'époque, et mieux on comprend les évenements du passé, mieux on peut en tirer de bonnes leçons.
Dans tous les cas, La voleuse de livre, en plus d'être extremement bien écrit, est une histoire passionante à de nombreux points de vue, que vous aimiez les petits drames intimistes ou les grandes tragédies historiques, très émouvante et qui nous livre ce qui est peut-être la meilleure des morales et la seule leçon à retenir : lisez, apprenez, réflechissez et ouvrez vous l'esprit : le savoir est la seule arme qui tienne face à la bêtise.
Neko - 23/02/2015